JÉRÔME BOSCH  (V.1450 - 1516)

        -"LE JARDIN DES DÉLICES"   (1503/1504)    220x195 cm.

        Musée du Prado  -  Madrid

        « ÈVE »  détail du triptyque.

                  

Ce peintre néerlandais contemporain de Botticelli et de Léonard de Vinci est resté célèbre par le coté souvent très énigmatique de beaucoup de ses œuvres, dont la majeure partie sont réunies au Prado grâce à Philippe II d’Espagne, infatigable collectionneur. 

Son génie en tant qu’artiste a été de créer une iconographie totalement nouvelle et différente dans une sorte d’apothéose du fantastique, avec des bizarreries inattendues et fascinantes, dont l’interprétation est restée le plus souvent plutôt controversée.

« Le Jardin des Délices » est un triptyque constitué de trois panneaux dont les volets de gauche et de droite sont mobiles et peuvent se refermer sur le panneau central ; c’est parmi les œuvres de Bosch l’une des plus mystérieuses, elle est censé représenter une allégorie du « péché » sur le panneau central encadré à gauche par le Paradis terrestre et à droite par l’Enfer.  Elle a fait l’objet de multiples interprétations souvent en contradiction les unes envers les autres.

Le panneau de gauche où est représenté le Paradis est relativement moins sujet à polémique, évoquant la Genèse avec la création d’Adam et Ève, il est vrai dans un univers fantasmagorique.  Ève apparaît donc dans toute sa nudité avec cette longue et ample chevelure lui descendant jusqu’aux cuisses, avec le regard baissé reflétant ainsi semble-t-il une pudeur toute naturelle mais cependant dénuée de toute honte, tel qu’il est écrit dans la Genèse : « L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient pas honte».

Contrairement à l’Ève de Van Eyck, celle de Bosch a gardé tout son angélisme, en effet le péché originel n’a pas encore été consommé dans cette séquence, où elle apparaît par la grâce de Dieu omniprésent qui vient juste de la créer, la présentant à Adam comme pour le sacrement du mariage du premier couple, dans le cadre de l’Eden paradisiaque.  

Cette Ève encore toute fragile qui va succomber à la tentation, est en contraste manifeste avec tout le reste du tableau où les « Délices » et les fâcheuses conséquences du péché sont représentés avec une débauche de luxure et de perversité obscène.                                                                                                                                         

 

                                                                                                                                                                 

 

 

 

 

 

 

 

 


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